Résumé / Abstract Journal-club_GReCO

Séminaire / Seminar GReCO

« Des principes de mouvement relatif et de réaction au postulat de relativité chez Poincaré : 1887-1905. »

Christian Bracco
Obs. Paris (Paris, France)

L’élévation du principe de relativité (galiléen) de la mécanique (newtonienne) au rang
de principe général gouvernant toute la physique a été l’objet d’une longue réflexion
chez Poincaré, dont on retrouve les prémices dans son cours Leçons sur la théorie
mathématique de la lumière, à la Sorbonne, au second semestre 1887-1888, donné dans
le cadre de sa chaire de physique mathématique. Il y généralise les conclusions de
Fresnel de 1818 sur l’expérience du prisme d’Arago, en insistant sur l’impossibilité par
des expériences optiques (réflexion, réfraction, interférence) de mettre en évidence le
mouvement absolu de la Terre au premier ordre en V/c. Nous verrons qu’à travers ses
articles de 1895 dans la revue l’Éclairage Électrique, Poincaré confronte la théorie
électrodynamique de Lorentz d’une particule électrisée libre de se déplacer dans l’éther
(1892) au principe de réaction newtonien, formulant son « objection » : elle ne satisfait
pas au principe de réaction si on l’applique à la matière seule, contrairement à la théorie
concurrente de Hertz. Poincaré rappelle à cette occasion la « connexion » dans le cadre
newtonien entre les principes de l’énergie, de réaction et de mouvement relatif.
Comment étendre cette connexion? Il y parvient en grande partie dans son article
intitulé « La théorie de Lorentz et le principe de réaction », à l’occasion du Jubilé pour
Lorentz de décembre 1900, qui prolonge son cours Électricité et optique de 1898-1899.
Pour que ces principes, pris ensemble, s’étendent à l’électrodynamique, il faut prendre
en compte une « quantité de mouvement de l’énergie électromagnétique », qu’il est le
premier à introduire, le « temps local » de Lorentz de 1895 et la « force de Liénard »
(terme supplémentaire qui apparaît dans la nouvelle transformation de la force). Cette
analyse ne porte encore que sur le premier ordre en V/c et laisse Poincaré relativement
insatisfait, aussi nous reviendrons sur la manière dont il obtient en 1905 la « cohérence
parfaite de la théorie de Lorentz » (sur la base du « postulat de relativité » et de
l’invariance de l’action, notamment électromagnétique, par le groupe des
« transformations de Lorentz »).

Cette présentation est inspirée du livre C. Bracco et J.-P. Provost, Henri Poincaré et la relativité : 1900, 1905, 1912. Trois moments de sa réflexion, (Londres, ISTE, 2023).
lundi 20 novembre 2023 - 11:00
Salle des séminaires Évry Schatzman
Institut d'Astrophysique de Paris
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